Pas de description complémentaire disponible
Peintre-écrivain d'origine auvergnate propose un art étonnant, au dessin naïf, figuratif, presque celui des enfants avec leurs excès en tous genres, accompagné de textes censés expliquer l'inexplicable. Pourquoi ces hommes ont-ils huit ou douze têtes, ces femmes autant de seins que les doigts des deux mains, ces avions des ailes qui s'enroulent? Cela n'est pas dit dans la chanson de geste de l'artiste, mais ce n'est pas grave.
« Ce n'est pas obligatoire de lire les phrases sur la toile, explique l'artiste, âgé de 86 ans. C'est pour compléter l'œuvre, mais ceux qui ne parlent pas français ne comprennent pas. L'écriture a pour moi une fonction décorative. Ces lettres sont comme les pointillés de l'impressionnisme, une façon de morceler la surface, pour rendre plus vivants les à-plats de couleur qui sinon seraient ennuyeux. »
Ce sont en fait des histoires peintes avec plein de trains, de voitures, de véhicules divers et variés, accompagnés de personnages inventés par le peintre. Des capitipèdes, (une tête et un pied), des bébés dotés de plusieurs jambes, troncs céphalisés bipèdes et bibrachiens (la belle histoire d'une boule), des centaures en mouvement, le tout dans un tourbillon de courbes et de couleurs vives qui font tourner la tête des rationnels. Dans ce Taillandier-land, comme lui-même l'a baptisé, un être avec quatre jambes court plus vite qu'un autre qui n'en a que deux. Une multiplicité de têtes permet de donner beaucoup plus d'expressions différentes et imaginées que si l'on se contente d'un seul portrait, fût-il fidèle.
Yvon Taillandier est ainsi le créateur de l'école dite de la figuration libératrice, qui a donné Combas comme principal héritier, au style reconnaissable entre tous. Le côté visuel d'abord, le concept arrive après. Ne lui parlez pas de bande dessinée, certains ont essayé avant vous, cela n'a pas marché. L'homme aime les récits, mais préfère les écrire sur la toile.
Ancien critique d'art pour des revues professionnelles, Yvon Taillandier a été secrétaire du Salon de mai au Grand Palais à Paris, où il a côtoyé pendant des décennies Picasso, Chagall, Miro ou Calder. Il a également beaucoup lu et beaucoup écrit sur la peinture, ce qui lui donne une réelle compétence sur ce qui a été fait avant lui. D'où peut-être cette grande liberté, cette envie de tout s'autoriser, sans la moindre censure. La liberté est avant tout création, et vice-versa.
Texte : Jean-Louis Hugon